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Andrew FEENBERG

Ancien(ne) Directeur de programme Canada  du 01/07/2013  au 30/06/2019

Direction de programme : Citoyenneté et capacité d'agir dans une société technologique

Résumé : La citoyenneté implique la capacité d’agir, mais que signifie la capacité d’agir? Est-elle possible dans une société avancée technologiquement où la vie s’organise à partir de systèmes dirigés par les experts? Le projet s’adressera à ces questions du point de vue de la philosophie de la technologie et des recherches constructivistes de la technologie.

Les conditions rendant possible la capacité d’agir sont le pouvoir, le savoir et l’opportunité. Ces conditions se retrouvent dans beaucoup de controverses technologiques. Le savoir des experts est incomplet et souvent le savoir localisé d’acteurs non professionnels et des victimes contribue de nouvelles idées et perspectives. Dans ces cas-là les disputes se jouent dans la sphère publique à force de manifestations, de hacking, procès, et autre formes de ce que j’appelle l’intervention démocratique. Mon projet développe des exemples, sortis en grande partie des recherches sur les réseaux de communication en ligne.

Cette approche implique une philosophie de la technologie. Le projet examine le rôle d’un biais dans la construction de systèmes technologiques et l’importance des intérêts des participants menant à la modification de ce biais. Cette approche, appelée « le constructivisme critique » est la synthèse d’idées tirées des recherches sur la technologie du constructivisme social et de la critique de la technologie de L'École de Francfort. Le constructivisme social a réfuté les théories déterministes qui avaient cours et montre le rôle d’acteurs sociaux dans les choix technologiques. Cependant, il lui manque une approche globale à la modernité, qu’une lecture judicieuse de L'École de Francfort pourra contribuer, de l’œuvre de Herbert Marcuse en particulier. Intégrer les ressources empiriques du constructivisme et la vue historique et philosophique plus large de l’École de Francfort permettrait d’élaborer une théorie capable de s’adresser à la question de la capacité d’agir dans une société technologique.

Finalement, le projet prend en compte le problème plus large des perspectives d’avenir pour un changement de civilisation nécessité par les problèmes tels que la crise écologique dans un régime technologique global. Les avancées technologiques ont produit ce que Michel Serres appelle les « objets monde », les artefacts ou systèmes naturels modifiés artificiellement qui ont des conséquences mondiales. En même temps, les processus économiques rendus possible par les nouvelles technologies perturbent la vie quotidienne dans les pays sous-développés. Ces deux tendances réagissent l’une sur l’autre et menacent de produire des changement énormes en peu de temps. La question de la capacité d’agir et de la citoyenneté concernent en fin de compte la possibilité de faire face à ces tendances à partir d’une base démocratique.