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Antonia SOULEZ

Ancien(ne) Directeur de programme du 01/07/1998  au 30/06/2004

Direction de programme : l'écriture et la prose du concept

Résumé : L'écriture conceptuelle du philosophe retiendra toute notre attention. C'est en effet du langage des philosophes qu'il s'agit, et non pas exclusivement de leurs conceptions du langage même si celles-ci offrent un accès privilégié au premier. Notre approche est donc stylistique. Avec les concepts, le réel peut être saisi, on leur accordera une capacité référentielle, on en fera des entités fictives. Avec eux, on peut expliquer les choses, les décrire. A moins qu'il ne s'agisse là de créatures du philosophe, vides et pourtant peut-être fécondes.
Nous questionnerons le style conceptuel propre au philosophe comme écrivain (ou « écrivant » selon la distinction de Barthes) sous deux aspects :
l) L’ «  idéographe » dépourvu de « Sprachsiln » (sens de la langue), écrit à l'écart du matériau signifiant de la langue, mais aussi de la « pensée affective » (Freud).
2) S'il est vrai que dans le face à face de la métaphore et de l'argumentation le concept conserve un pouvoir schématisant propre, il convient de caractériser la nature des traits du schématisme des concepts en tant que signes ainsi que la portée visuelle d'un certain style « projectif » - dans une approche catégorisante d'un monde à dire (de Frege à Quine).
Devant les stratégies actuelles : décrire le phénomène tel qu'il apparaît, analyser le discours de la science, ou construire des éléments pour - une description du mental, le philosophe peut préférer interpréter en historien les théories philosophiques du passé, - mais alors que pense-t-il au juste de la philosophie, de sa tâche au présent ? - soit, prévenu contre l'attrait hallucinogène des « contenus », cultiver la méta-philosophie en mode formel. Il peut encore, au nom de la résonance, de la contingence vibrantes si étrangères au formel, préférer aux concepts une écriture de traits intensifs (Deleuze) : écrire comme écrire une partition musicale (Bergson, Wittgenstein) ?
Mais si à ce « traducteur - sans original » (Quine) qu'est le philosophe, ni la Nature, ni davantage la structure de l'entendement humain ne rendent intelligible à son oreille quelqu'ordre préalable des choses, la question se pose de savoir de quelle composition ce compositeur foncièrement inchoatif est capable. Une grammaire de la supposition plutôt qu'une logique de la présupposition nous paraît aujourd'hui s'écrire au profit désormais conjugué du scientifique et de l’artiste.