Charles BOBANT

2022

Directeur de programme du 01/07/2019 au 30/06/2025
Pays : France

Direction de programme : Phénoménologie et art

Résumé : Le programme « Phénoménologie et art » (intersection Philosophie/arts et littérature) vise à rendre la place qui revient à la phénoménologie dans l’histoire de la philosophie de l’art et en particulier dans la réflexion philosophique contemporaine sur l’art. Loin d’être un courant de pensée dépassé ou parmi d’autres, aux côtés d’autres mouvements spéculatifs tels que la philosophie de l’art analytique, l’esthétique pragmatique, le réalisme spéculatif ou la socio- politique de l’art, la phénoménologie de l’art se présente comme la seule philosophie capable d’assumer réellement la question de l’art, c’est-à-dire de situer l’interrogation artistique sur le terrain de la métaphysique. Tout l’enjeu du programme « Phénoménologie et art » sera de parvenir à exhiber la trame secrète de la phénoménologie de l’art, celle qui permet de rapporter les unes aux autres les pensées esthétiques de Straus, Merleau-Ponty, Dufrenne et Maldiney. De ce point de vue, le séminaire entend défendre une double thèse. D’une part, et manifestement, il y a phénoménologie de l’art dès lors que l’œuvre d’art est ressaisie comme dévoilement du monde. C’est parce que l’œuvre comporte une dimension révélatoire, « cosmophanique », que la phénoménologie de l’art est une métaphysique de l’art. D’autre part, et insidieusement, il y a phénoménologie de l’art dès lors que le monde dévoilé par l’œuvre se voit compris comme le créateur véritable. Le monde est l’objet de l’œuvre d’art en même temps que le sujet de l’activité artistique, de sorte que si l’œuvre révèle le monde, c’est en tant que le monde s’y révèle. L’artiste est dépossédé de sa création et comme absenté de l’investigation phénoménologique. Cette seconde thèse renoue avec la plus ancienne tradition philosophique, celle inaugurée par le Ion de Platon et l’assimilation de l’artiste à un « enthousiaste ». Plus problématiquement, en identifiant le kosmos révélé à un théos créateur, elle déporte la phénoménologie de l’art du côté de la théologie, et plus exactement du côté de ce qu’il faudrait nommer une « cosmo- théologie ». En ce sens, l’axe de lecture du séminaire apparaît comme un angle critique. Il s’agit, non pas seulement de restituer comme de l’extérieur l’histoire de la phénoménologie de l’art, mais encore de reprendre à notre tour le geste phénoménologique et de tenter d’en vaincre les impasses ou les problèmes, en somme de proposer une phénoménologie de l’art conséquente, non versée dans le motif ruineux du cosmo-théologique.

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