Quentin BADAIRE

2022

Directeur de programme du 13/06/2022 au 30/06/2028
Pays : France

Direction de programme : Genèse(s), logique(s) et devenir(s) du capitalisme mondial intégré : repenser l’économie et la valeur avec Deleuze & Guattari

Résumé : Ce projet consiste à repenser la genèse, la logique et les devenirs du « capitalisme mondial intégré » (CMI) à la lumière de la géo-philosophie de Deleuze & Guattari [D&G], en considérant que les torsions et les transformations originales que font subir les deux philosophes aux concepts de production, de plus-value, de flux, de stock, de monnaie, de capture, dans L’Anti-Œdipe (1972) [AŒ] et Mille Plateaux (1980) [MP], peuvent nous aider à éclairer les origines, le fonctionnement et les limites du capitalisme contemporain. Selon un premier axe historique, il s’agira ainsi de comprendre comment il est possible de faire la généalogie du CMI sans verser dans l’illusion d’un développement continu du marché qui devait nécessairement aboutir en Europe puis dans le reste du monde, à son hégémonie, une fois levés les obstacles à la libre circulation des flux de marchandises, de main d’œuvre, d’argent, etc.. L’enjeu sera donc de faire ressortir la « contingence » et la « singularité » de la « rencontre » (MP, p. 590) entre flux de travail et flux de capital qui a débouché sur le CMI, en se demandant « pourquoi le capitalisme surgit, en tel lieu et à tel moment, tandis que tant de facteurs semblaient le rendre possible ailleurs et à d’autres époques » (Foucault, p. 30), à savoir à Rome dans l’Antiquité, en Chine au XIIIe siècle, ou encore à Venise au Moyen-Âge, etc. Un second enjeu qui renvoie au deuxième axe théorique de notre projet sera de saisir les raisons qui amènent D&G à définir le CMI comme une « axiomatique sociale », c’est-à-dire comme « un système de rapports différentiels entre flux décodés et déterritorialisés » (, p.446). En quoi cette définition du capitalisme permet-elle de saisir la logique profonde du capital sous ses trois formes : industrielle, financière et commerciale, en même temps que d’appréhender la pluralité de ses « modèles de réalisation » (MP, p. 544) étatiques à la surface du globe ? Dans quelle mesure est-elle pertinente au regard des transformations contemporaines du CMI ? Répondre à ces questions nous amènera alors à repenser l’économie et ses espaces de valorisation, selon un troisième axe éthico-politique, en nous appuyant sur la géophilosophie de D&G. En effet, l’intérêt de celle-ci est de nous offrir les moyens de conceptualiser la multivalence et la polyspatialité des « processus machiniques » (MP, p. 542) qui travaillent le CMI et qui vont à l’encontre de sa logique de « l’équivaloir généralisé » (Chaosmose, p. 83).

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