Pauline VERMEREN
2022
Directrice de programme du 13/06/2022 au 30/06/2028
Pays : France
Direction de programme : Philosophie et terrain : nouvelles approches critiques du pouvoir et des dominations
Résumé : Le projet de recherche « Philosophie et terrain : nouvelles approches critiques du pouvoir et des dominations » s’inscrit dans une perspective au long cours et d’ampleur internationale. Il propose de rendre compte d’un aspect qui interroge la discipline même de la philosophie, à savoir son lien avec les sciences sociales et plus spécifiquement son rapport au terrain.
A priori, le terrain n’a jamais été considéré comme une possibilité méthodologique pour la philosophie. Mais depuis une dizaine d’années, les pratiques contemporaines de la philosophie sociale et politique ouvrent leurs approches sur la notion de « philosophie de terrain ». Le nombre de travaux récents en philosophie qui s’appuient sur des enquêtes de terrain témoigne d’un déplacement méthodologique et d’un dialogue renouvelé entre la philosophie et les sciences humaines et sociales autour des pratiques telles que l’observation participante, l’entretien ou encore le recours aux matériaux archivistiques.
Les philosophes ont toujours pris la parole sur les événements sociaux et politiques et ont formulé la nécessité d’un certain engagement face à l’histoire. Interroger la possibilité d’un terrain philosophique, comme lieu de production des concepts ou comme lieu de pensée de ces concepts, met en jeu l’engagement des philosophes et implique de s’interroger sur le type de chercheuse et de chercheur que l’institution philosophique souhaite produire. Dans ce contexte, le débat autour des rapports de pouvoir et de domination (au regard des paradigmes de genre, de race, de migration, de care ou d’écologie) prend place au cœur d’une réflexion plus large sur le sens de la philosophie, de ce que veut dire faire de la philosophie. Ce qui permet de donner à voir la constitution de territoires philosophiques tout comme de nouvelles pratiques philosophiques en cours d’exploration. Il ne s’agit pas de prôner une dilution de la philosophie dans les sciences sociales ou inversement, mais bien de se demander si ce qui n’a pas fait l’objet d’une pratique philosophique jusqu’à aujourd’hui ne permettrait finalement pas d’ouvrir un champ de réflexion pour la philosophie sociale et politique au regard des rapports de pouvoir et de domination à partir de la spécificité du terrain.