2022
Directeur de programme du 13/06/2022 au 30/06/2028
Pays : Chine
Direction de programme : Le sens de l’agir humain selon l’ordre du rite. Une approche comparatiste et phénoménologique
Résumé : Si, comme l’invitait Heidegger dans sa Lettre sur l’humanisme, rien n’est plus urgent aujourd’hui de repenser le sens de l’action humaine, dans quel cadre opérer cette réflexion pouvant permettre un tel renouvellement de ce que signifie agir pour l’être humain ? Celui du rite. L’action rituelle est en effet proprement humaine. On la trouve à l’œuvre dans toute civilisation. Son champ s’étend des manifestations les plus exceptionnelles et étranges aux gestes les plus quotidiens. Et pourtant son sens n’en demeure pas moins difficile à saisir. L’action rituelle de nature religieuse comme le pensait Mauss ? La tradition confucéenne ne le pense pas et prescrit aux officiants d’opérer sans souci des dieux. Est-elle de nature symbolique ? La pensée rituelle de l’Inde ancienne recueillie dans les Védas écarte cette idée en considérant l’action rituelle comme initiale et créatrice. Elle n’en demeure pas moins pour autant étrangement « improductive » puisqu’elle consiste en une perte, c’est-à-dire un sacrifice. Or cette situation paradoxale d’une action qui ne produit pas, trouve un écho au sein du confucianisme, où le rite est envisagé hors de la causalité naturelle. Autrement dit, le l’acte rituel est un faire sans effet. Cet ordre singulier de l’action ne cesse d’interroger, et si l’anthropologie a permis de mieux déterminer l’objet « rite », son sens reste encore à éprouver. Il appelle à une philosophie de l’agir rituel et même à une certaine phénoménologie, étant donné la dimension « spectaculaire » de la ritualité comprise comme ensemble de gestes qui montrent et se montrent. Une telle philosophie du rite engage donc un dialogue avec les autres pensées de l’action et notamment celles extra-européennes que furent le confucianisme et le védisme. Elle invite à confronter ses méthodes avec celles, plus positives, des sciences de l’homme. Elle engage enfin à lier le plus primitif au plus moderne. Pourquoi en effet notre temps est-il peu enclin à la ritualité ? Pourquoi, en revanche, l’art moderne – en particulier la danse et le théâtre – s’est parfois inspiré du rite et de son esthétique formelle ? La psychologie s’intéresse elle-aussi depuis plusieurs années à ces gestes rituels qu’elle considère comme pathologiques et curatifs. Nous n’en avons donc pas fini avec le rite et sa mystérieuse insistance invite au questionnement.