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Luigi DELIA

Ancien(ne) Directeur de programme du 01/07/2013  au 30/06/2019

Direction de programme : Prison et droits. Visages de la peine

Résumé : Pilier central du pouvoir pénal contemporain, la réclusion carcérale ne vise plus, du moins en théorie, la souffrance corporelle, mais celle de l’âme, par la privation de liberté. Cette modalité punitive est aujourd’hui sur la sellette comme le fut la peine de mort à l’âge abolitionniste des Lumières. Introduite à la fin du XVIIIe siècle pour maintenir l’ordre en privant de liberté celui qui l’a troublé, l’incarcération à vie ou de longue durée s’expose à la critique de ceux qui l’apparentent à une peine de mort dissimulée, et ce pas seulement quand la perpétuité est réelle : la prison comme peine est de plus en plus ressentie par les détenus comme un châtiment cruel. Un argumentaire paradoxal a pu ainsi surgir : il consiste à tenir la peine de mort pour préférable à celle de prison, non pas en raison de son effet dissuasif, mais parce que le dernier supplice serait plus humain que la détention carcérale. Encore que minoritaires, les raisons des partisans du retour à la peine de mort se renforcent à mesure que les échecs du régime pénitentiaire s’aggravent.
Une autre perspective, diamétralement opposée à celle sécuritaire, est envisageable. Pointant défauts et dégénérations du système carcéral, elle consiste à problématiser les principes de la rationalité pénale occidentale : l’incarcération est-elle une punition juste et utile ? La prison est-elle la meilleure place pour un criminel ? Un homme qui a commis un crime peut-il être considéré comme à jamais coupable (ergastolo) ? Quel regard porter sur la perspective d’abolition de la prison ? Peut-on dépasser le modèle de l’emprisonnement comme expression du pouvoir de punir ?
Afin d’éclairer cette part d’ombre des sociétés démocratiques, le séminaire procèdera à une déconstruction des dispositifs contemporains de pénalisation, issus de l’idée de défense sociale et des thèses « rétributionnistes ». Il s’agit de reconsidérer le rapport récompense-punition et d’imaginer des mesures alternatives à la prison, capables de réunir les victimes et les condamnés dans un processus de responsabilisation mutuelle.