Alain DENEAULT
Ancien(ne) Directeur de programme Canada du 01/07/2016 au 30/06/2022
Direction de programme : L'économisme versus les économies
Résumé : En quelque cent ans, les sciences économiques ont conféré au terme économie et à son lexique afférent une signification propre. Dès lors qu’on s’y réfère autrement que pour évoquer le domaine de la production de biens commerciaux, il passe dans la conscience commune pour le fait d’une métaphore dérivant de ce champ lexical. C’est alors l’heure du « capital santé » et de la « gestion » de ses affects. Comme si on empruntait des termes à ce champ de connaissance dont il aurait la garde du sens premier.
L’« économisme » ne soumet pas seulement le sens de toute activité culturelle et sociale à cette définition-là de l’économie, mais la mémoire philologique même de ce
terme.
Or, économie est un mot qui, avant la fondation de cette jeune discipline que sont les sciences économiques, renvoyait au fait de rapports structurés de façon féconde et pertinente. De manière générique, il désignait un phénomène de rencontre et d’organisation plus ou moins stable, capable de produire un rapport ou un résultat escompté. S’en réclamaient des champs aussi variés que les lettres, la théologie, les sciences de la nature, le droit, la philosophie, les mathématiques et la psychologie.
La visée de cette recherche est de trois ordres.
D’abord, distinguer et analyser les économies, c’est-à-dire les occurrences où, dans le développement de nombreuses sciences et activités culturelles, un corpus conceptuel respectif s’est développé autour du mot économie et de son lexique afférant (investissement, production, circulation, valeur…) pour penser l’organisation et la dynamique de ses objets.
Ensuite, traiter ces économies en tant qu’elles entretiennent les unes par rapport aux autres des liens qui ne sont ni d’ordre synonymique, ni d’ordre homonymique. Chercher à dégager le sens qui se développe entre elles. Définir le principe commun qui s’en dégage. En faire un concept supérieur, mais paradoxalement tributaire de l’évolution respective de ces économies sectorielles, au titre d’une économie des économies.
Enfin, introduire comme tel le concept d’économie dans le domaine commun. Faire subir au terme occurrent, idéologiquement constitué, l’épreuve de cette analyse. Relever et considérer en quoi les économies étudiées de part et d’autre se trouvent à l’œuvre dans le champ de l’économie politique. Tirer les conclusions de cette lecture.