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Vincent JACQUES

Ancien(ne) Directeur de programme du 01/07/2016  au 30/06/2022

Direction de programme : Écriture transversale de l'histoire et cinéma

Résumé : Ce projet de recherche a pour objet l’étude d’une pratique d’écriture transversale de l’histoire au cinéma. Il s’agira d’étudier le travail de cinéastes pour qui écrire l’histoire c’est aussi bien faire l’histoire du cinéma et des médias que rendre sensible des moments de l’histoire contemporaine. Un tel travail d’écriture de l’histoire correspond aux trois axes de recherche suivants : analyse d’une pratique d’écriture qui, à partir du cinéma, explore d’autres médias (écrit, photographie, télévision, vidéo, Internet, jeux vidéo, installation); étude des procédés de mise en forme d’archive et d’écriture hétérogène de l’histoire ; examen d’une pratique réflexive du travail d’écriture. Selon les trois axes de recherche que nous venons de définir, quatre cinéastes seront l’objet principal de notre attention : Harun Farocki, Jean-Luc Godard, Chris Marker et Hans Jürgen Syberberg. Soulignons toutefois que ce corpus n’est pas exclusif et que selon les questions soulevées, le travail de cinéastes comme Hartmut Bitomsky, Péter Forgács, Alexander Kluge, Pasolini et Peter Watkins sera aussi analysé.
La transversalité de l’écriture de l’histoire se caractérise par l’éventail des modes d’expression utilisés (cinéma, télévision, etc.) et par l’hétérogénéité de l’élaboration de l’archive, dans le choix des sources iconographiques (images de l’art, du cinéma, de la télévision, images de l’industrie, etc.) comme dans celui de la matière sélectionnée (images, écrits, discours, sons et musiques). Outre la pratique variée du mode d’expression et l’élaboration d’une archive hétérogène, la transversalité concerne aussi la mise en forme de la réflexion sur l’histoire : entre fiction et documentaire, l’écriture de l’histoire qui nous intéresse utilise aussi bien les ressorts de l’analyse que de la fiction pour rendre sensible et intelligible son propos. La question de la réflexivité touche tous les points précédents ; elle est question de méthode, un procès de mise en forme qui s’expose comme tel et se remet constamment en question ; elle est également matière autobiographique, entre fiction et réalité. Nous développerons toutes ces questions à l’aide de philosophes (Foucault, Deleuze, Rancière) et de théoriciens du cinéma (Bellour, Daney) qui ont écrit sur les cinéastes de notre corpus. Il faudra également lire les historiens sur la question de l’écriture de l’histoire au cinéma (Delage, Linderperg). Finalement, sur l’écriture de l’histoire, philosophes et historiens viendront compléter l’assise théorique de notre recherche : Rancière, De Certeau, Ricœur et Veyne, à mettre en regard avec Simmel et Kracauer.