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Sina BADIEI

Actuel(le) Directeur de programme du 01/07/2019  au 30/06/2025

Direction de programme : Quelle épistémologie pour l’économie ? Justice, égalité et liberté dans la pensée économique moderne

Résumé : Les sciences économiques sont depuis longtemps marquées par l’influence de formes diverses d’épistémologie positive, qui préconisent de se focaliser sur la représentation objective de la réalité. Ce projet de recherche vise à contester la prééminence de ces approches positives, en montrant l’intérêt épistémologique et politique qu’il y aurait à faire valoir une épistémologie normative, dans laquelle l’invention et la création de nouvelles formes de rapports politico-économiques jouent un rôle central. Il s’enracine dans une réflexion plus vaste, initiée depuis quatre ans, sur le caractère contestable de trois modèles d’épistémologie positive à l’œuvre chez Karl Marx, Ludwig von Mises et Milton Friedman. Cette réflexion, articulée à un dialogue critique avec la pensée normative de Karl Popper, rend possible la mise en avant des contours généraux d’une épistémologie normative, dont l’originalité tient à sa capacité d’accorder une place importante aux recherches historiques, même si ces recherches ne peuvent jamais permettre d’inventer de nouveaux rapports politico-économiques et se substituer à l’imagination et à la créativité. A partir de ce modèle, l’enjeu est de savoir si l’on peut proposer de nouvelles normes pour l’avenir, utilisables pour transformer les rapports politico-économiques, et si oui, comment. A cette fin, nous élaborons davantage notre modèle d’épistémologie normative en le confrontant à des modèles d’épistémologie normative déjà existants, à savoir ceux de Adam Smith, Karl Polanyi et John Rawls. Par là, on peut alors prémunir le modèle proposé ici de certains défauts. Il devient alors possible d’utiliser ce modèle pour concevoir de nouvelles normes. Le déploiement d’un dialogue critique avec les propositions normatives importantes du vingtième siècle, celles du modèle libéral de Friedrich von Hayek, du modèle interventionniste de Popper, et de la théorie de la justice de Rawls facilitera cette tâche. Il nous orientera vers un questionnement des conceptions de la liberté, de l’égalité et de la justice chez ces trois penseurs mais aussi chez Marx, qui conduira à esquisser une théorie de la justice qui, contrairement à celle de Rawls, ne sera pas anhistorique et axiomatique, et qui résultera d’une articulation nouvelle
entre créativité politico-économique et conscience historique.