Étienne HELMER
Actuel(le) Directeur de programme Porto Rico du 01/07/2022 au 30/07/2028
Direction de programme : Philosopher aujourd’hui à l’épreuve des pauvretés : communauté, solidarité, réciprocité
Résumé : La persistance de la pauvreté comme état de pénurie matérielle, de relégation sociale, et d’incapacité à accéder aux droits fondamentaux relatifs à l’éducation et à la santé dans le monde contemporain, met en question l’idéologie du progrès associée au développement des sciences et des techniques depuis l’époque moderne, ainsi que la promesse d’opulence des sociétés d’économie capitaliste. Si l’ampleur du phénomène n’a pas échappé aux sciences sociales, on ne peut qu’être frappé, à l’inverse, du relatif silence de la philosophie contemporaine sur le sujet. L’objet du présent programme est de montrer que celle-ci est en mesure de proposer des approches nouvelles et pertinentes de la pauvreté, en vue d’une définition conceptuelle et d’une meilleure compréhension du phénomène dans la diversité de ses manifestations – y compris celles qui pourraient présenter un visage positif lorsqu’elles engagent des pratiques volontaires de sobriété ou de renoncement. Il s’agira, par ce biais, de comprendre ce que la pauvreté engage quant aux notions de communauté, de solidarité et de réciprocité.
Afin d’ancrer la réflexion dans l’expérience, on partira de l’idée que la pauvreté prend des formes variées, en particulier dans ses manifestations les plus attentatoires à l’intégrité morale et physique des individus et à la stabilité des sociétés. On se penchera en particulier sur les migrations subies, la relégation sociale, et l’extrême pauvreté matérielle et sanitaire.
Trois approches permettront de soulever des questions à la fois spécifiques et générales. On s’intéressera, d’une part, aux façons de « penser » les pauvretés, en mettant la philosophie en dialogue avec l’économie, la sociologie et l’histoire, pour comprendre les difficultés que posent la définition générale de la notion, sa mesure et ses répercussions individuelles et collectives. D’autre part, on se penchera sur la question de la « représentation » de la pauvreté dans des œuvres documentaires ou de fiction, la pauvreté dépendant aussi en partie de la perception qui en est véhiculée. Enfin, on s’intéressera aux façons d’« agir » contre la pauvreté, en réfléchissant, avec des acteurs du secteur associatif national et international, aux questions qu’elle soulève autour de l’engagement, de l’égoïsme, d’un éventuel « devoir » d’assistance, et du sens politique du travail associatif. Les aspects « positifs » de la pauvreté seront eux aussi abordés à travers ce cadre tripartite.