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Julien RABACHOU

Actuel(le) Directeur de programme du 01/07/2022  au 30/06/2028

Direction de programme : La constitution des entités collectives

Résumé : Mon projet vise à développer une ontologie des collectivités et des communautés politiques. Son point de départ est l’hypothèse que le degré de la réalité sociale est causé non pas immédiatement par les individus humains, mais par les interactions qui relient ces derniers, et qu’un seul mouvement processuel produit en même temps le réel social et individuel. Une telle hypothèse pose immédiatement plusieurs problèmes théoriques et méthodologiques : 1°) le mouvement de constitution des entités collectives peut-il parvenir de son côté à produire d’authentiques « individualités collectives » ? 2°) au-delà de la coordination des actions individuelles, quel est l’élément constituant primordial – matériel, symbolique ou narratif – des entités collectives ? 3°) quelle bonne articulation de la philosophie et des sciences sociales rend compte d’une telle constitution ?
Toutefois, comment traiter de la même manière des entités aussi différentes que les groupes sociaux et culturels, les entreprises ou les États modernes ? Deux distinctions motrices doivent permettre d’aboutir à une classification et une gradation des entités collectives : entre les normes, qui sont les principes collectifs d’action des individus, et les représentations conscientes qu’ont les individus d’agir en commun ; entre les moments historiques qui produisent une réalité politique davantage individuée ou moins individuée. Le jeu de ces distinctions donne une orientation générale à ma recherche. Elle part dans un premier moment d’une histoire et d’une sociologie des formes sociales modernes pour comprendre la constitution des entités collectives, en centrant l’analyse autour des notions « d’individualisme » et « d’agentivité ». Un second moment se donne pour tâche de construire l’ontologie des entités collectives proprement dite, à partir de l’usage des concepts fondamentaux de « norme » et de « représentation », ainsi que de la recherche d’un principe propre de constitution des collectivités (un corps ? un esprit collectif ? des symboles ? un territoire ?). Un troisième moment tente finalement un saut du descriptif au normatif, en prenant en compte les possibilités de structuration des collectivités obtenues pour se confronter à des problèmes actuels comme l’antinomie entre nationalisme et internationalisme, la possibilité d’un programme cosmopolitique en temps de mondialisation, ou la condition réservée par les États-nations aux individus, nationaux comme étrangers.