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Patrice MANIGLIER

Ancien(ne) Directeur de programme du 01/07/2007  au 30/06/2013

Direction de programme : Pour une histoire du structuralisme : La question du signe entre sciences humaines philosophie et sciences humaines en France au 20e siècle

Résumé : Ce programme de travail repose sur l’hypothèse selon laquelle on ne peut comprendre l’actualité (au double sens de pertinence pour le présent et d’efficacité pratique) de la philosophie française d’après guerre que si on la replace dans le contexte des problèmes à la fois méthodologiques et spéculatifs posés par ce renouvellement des sciences humaines connu et méconnu sous le nom de « structuralisme ».
Il s’agit donc d’abord de proposer une réinterprétation des enjeux de la « méthode structurale » dans les domaines qu’elle a traversés : alors qu’on y voit généralement une hypothèse sur la fonction des phénomènes culturels, à savoir qu’ils auraient tous un caractère significatif, je crois qu’elle repose sur la mise en évidence du problème méconnu que pose la détermination des faits culturels eux-mêmes, ce qu’on peut appeler leur « ontologie ». Je l’ai montré pour les faits langage dans mon travail sur Saussure (thèse de doctorat publiée sur le titre La vie énigmatique des signes, Saussure et la naissance du structuralisme, Léo Scheer, 2006). Le concept de « phonème » est une réponse à la question : « qu’est-ce qui permet d’identifier un son du langage ? ». Mais l’extension de la méthode structurale à l’anthropologie par Lévi-Strauss se justifie aussi par le problème que pose l’identité des pratiques comme les récits mythiques ou les « habitudes de parenté ». De même, à travers le renouvellement de la psychanalyse par Lacan, c’est le problème de l’identité de l’objet du désir qui en question ; à travers celui de l’histoire par Foucault, le problème de la détermination d’un événement. Je propose donc une série d’enquêtes sur les motifs et les raisons de la redéfinition sémiologique de quatre disciplines : la linguistique, l’anthropologie, la psychanalyse et l’histoire.
Il s’agit ensuite de montrer comment ce « problème du signe » a été au cœur du renouvellement de la philosophie sous l’impact du structuralisme, à la fois à travers les grands débats avec l’existentialisme, la dialectique (Sartre), la phénoménologie (Merleau-Ponty), l’herméneutique (Ricœur), et à travers les efforts pour construire une ontologie nouvelle, chez Althusser, Foucault, mais aussi Deleuze, Derrida et Lyotard. Je propose donc une série de relecture de la philosophie française d’après quarante-cinq à la lumière des sciences humaines, avec l’intention de montrer à chaque fois comment le passage par la philosophie permet de transformer les pratiques théoriques jusque dans le détail du travail (théorie des idéologies chez Althusser, archéologie de Foucault, déconstruction de Derrida, schizoanalyse de Deleuze, etc.), et de proposer une interprétation du moment présent en philosophie.
J’espère ainsi montrer non seulement que le structuralisme a été le pivot autour duquel a tourné la pensée française d’après-guerre, mais aussi qu’on ne pourra en saisir l’actualité qu’à condition de retrouver cet enracinement d’un problème philosophique dans le travail des savoirs. Ce programme sera accompagné d’une série d’essais pour montrer la possibilité et la nécessité de rouvrir les questions posées par le « structuralisme » et l’idée de sémiologie.