image philosophie

Paola MARRATI

Ancien(ne) Directeur de programme U.S.A  du 01/07/2001  au 30/06/2007

Direction de programme : Les concepts de la vie dans la philosophie française du XXè siècle : généalogie et transformation

Résumé : A quelques exceptions près, la philosophie française de l’après-guerre avait pris ses distances par rapport aux philosophies de la vie, soupçonnées de reconduire, parfois malgré elles, un biologisme et un vitalisme dont les conséquences philosophiques et politiques avaient été désastreuses. De cette méfiance témoignent, entre autres, 1a réception de la phénoménologie husserlienne et heideggérienne par Sartre et Merleau-Ponty qui intetprètent les questions du « monde de la vie », du corps propre, de la sexualité, etc., en termes d'existence et non pas de « vie », tout comme la relecture de Freud par Lacan dont un des enjeux principaux est de soustraire Freud à tout biologisme On a pu observer, depuis, un intérêt renouvelé pour la « vie » et le « vivant » comme objet de pensée. Deleuze a fait des concepts de vie et d'immanence le fil conducteur de son oeuvre ; Foucault - outre ses recherches sur - l'histoire de la clinique et de la médecine - a introduit le concept de bio-pouvoir ; Derrida met de plus en plus au centre de sa pensée le statut du vivant et de l’animalité. Il ne s'agit pas, bien entendu, d'une configuration homogène, et encore moins d'un « retour » aux vitalismes de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. Ces auteurs proposent des élaborations bien différentes de la notion de vie et le font à partir de traditions philosophiques que rien ne rapproche à première vue (Bergson pour Deleuze, Canguilhem pour Foucault, la phénoménologie allemande pour Derrida). Mais ces nouvelles élaborations de la question de la vie ne se limitent pas à reproduire les clivages avec lesquels on interprète d'ordinaire l'histoire de la philosophie française de ce siècle. Il serait inutile de lire Foucault, Deleuze et Derrida à travers l'opposition courante entre des philosophies du sujet et du sens (Bergson, la phénoménologie) d’une part et, d'autre part, des philosophies de la rationalité (le courant de l'épistémologie française : Canguilhem, mais aussi G. Bachelard, Koyré, etc.). L'analyse des nouvelles formulations du concept de vie et l'étude historique de ses filiations multiples permettent au contraire de reconstituer dans la philosophie française, et dans son dialogue avec la philosophie allemande, un parcours où des traditions d'orientations différentes se croisent et donnent lieu à des déplacements conceptuels importants.