image philosophie

François ROUSSEL

Ancien(ne) Directeur de programme du 01/07/2001  au 30/06/2007

Direction de programme : L'emprise de la génétique : formes médicales du biopouvoir

Résumé : Cette direction de programme se présente comme la relance de questions philosophiques liées a une recherche de science politique portant sur la régulation des biotechnologies médicales. L'approche ordinaire de ces questions, aujourd'hui largement discutées dans l'espace public au titre de ce qu'il est convenu d'appeler la « bioéthique », se présente surtout comme une série interminable de dilemmes suscités par les technologies du vivant. A l'encontre de cette approche purement éthique qui esquive le plus souvent les enjeux épistémologiques, économiques et institutionnels, ce projet vise à clarifier et à discuter la notion de « biopouvoir » avancée par Michel Foucault dans une autre perspective, en la mettant à l'épreuve de ces questions. Il s'agira notamment de se confronter aux interprétations divergentes qu'une telle notion a pu susciter dans le champ philosophique (Deleuze, Agamben, Negri). Malgré l'entrecroisement structurel des domaines et des pratiques qui manifestent l’emprise croissante de la génétique (expression qui signifie ici autre chose qu'une dénonciation de principe dont les formulations ordinaires sont tout aussi réductrices que celles de la littérature bioéthique dominante), la progression du travail envisagé oblige à distinguer et à ordonner l'analyse des formes et des niveaux de cette emprise :
1) dans le champ de la biologie, où les grands programmes de recherche internationaux tels celui sur la cartographie et le séquençage du génome humain posent des questions d'ordre épistémologique et politique, au-delà de celles ordinairement identifiées et débattues (notamment la brevetabilité généralisée du matériel génétique).
2) dans le champ de la médecine, avec l'émergence de la notion de « médecine prédictive », expression forgée au début des années 90 par le biologiste J. Ruffié, dont il est nécessaire de questionner les présupposés et les implications en reliant les moyens d'identification, de circulation ainsi que les usages médicaux et sociaux de l'information génétique à un régime général que G. Deleuze nomme « les sociétés de contrôle ».
3) dans le champ du droit qui voit une incessante activité législatrice sur l'ensemble de ces problèmes, activité dont le sens nous semble devoir être éclairé par une reprise critique des thèses de M. Foucault concernant la prééminence d'une logique des normes opposée à la figure traditionnelle de la loi souveraine.